Alors que les conducteurs issus des pays de l’Est ont un moment paliés à la pénurie de conducteurs vécue dans les pays de l’Ouest, la crise des vocations sévit aussi, aujourd’hui, dans ces pays là. Elle est la conséquences de plusieurs facteurs : guerre en Ukraine, départs massifs à la retraite, etc.
Selon une étude de l’Union internationale des transports routiers (IRU), de moins en moins d’Européens de l’Est sont prêts à s’assoir au volant d’un poids-lourd, et ce même en cas de hausse des salaires. Pour certains pays comme l’Allemagne, premier marché européen pour les transports routiers de marchandises, le constat est lourd de conséquences, alors que la moitié seulement des camions roulant dans le pays circulent sous immatriculation allemande.
Pendant des décennies, le pays a pu ignorer le déclin des vocations nationales, puisque des milliers de camions et de routiers d’Europe de l’est comblaient ce déficit. Or ces pays sont à leur tour frappés d’une crise des vocations souligne l’étude de l’IRU.
Des conséquences de la guerre en Ukraine en Pologne
La Pologne, qui emploie 640 000 conducteurs, souffre à elle seule d’un déficit de 80 000 routiers. Par le passé, les entreprises polonaises tentaient de combler ce manque en faisant appel aux Ukrainiens, qui ont quitté la profession en masse avec la guerre dans leur pays.
« La guerre en Ukraine a des répercussions, car le nombre de conducteurs ukrainiens travaillant pour des entreprises de l’Union européenne (UE) était considérable, notamment dans les États membres limitrophes de l’Ukraine », explique Raluca Marian, responsable de la représentation de l’IRU à Bruxelles. Suite à la guerre, une grande partie est d’abord retournée dans son pays. Certains sont revenus, mais il n’existe pas de chiffres fiables à ce sujet.
Les problèmes de recrutement des transporteurs polonais sont lourds de conséquences pour l’industrie et la grande distribution outre-Rhin : la Pologne, avec 22 % des immatriculations enregistrées aux points de péage en Allemagne, est de loin le premier pays étranger à envoyer ses routiers et ses véhicules sur les autoroutes du pays.
La Lituanie sera la plus touchée
En Lituanie, qui fournit 77 000 conducteurs, le déficit était estimé à 10 000 postes en 2021, le double en 2022. Et la situation devrait rapidement se détériorer, alors que 30 % des conducteurs sont âgés de plus de 55 ans et approchent de l’âge de la retraite. « La Lituanie sera le pays le plus touché par la pénurie de conducteurs dans les années à venir, parmi les pays européens que nous étudions », insiste l’IRU.
Le groupe Girteka, qui emploie 18 000 camionneurs, cherche à lui-seul 150 routiers par semaine… Girteka assure avoir perdu 2 000 conducteurs avec l’invasion de l’Ukraine. Les recrutements se font entre temps au Kirghizstan, au Kazakhstan, au Moyen-Orient et même en Asie.
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