L’association Équilibre des Énergies (EdEn) vient de publier une étude baptisée « L’hydrogène dans le secteur du transport routier de marchandises ». Objectif : passer en revue les conditions de développement de la filière hydrogène dans le secteur.
« Les poids lourds ont été à l’origine en 2019 d’émissions de CO2 évaluées à 31,5 Mt – à 98,7 % en provenance des moteurs diesel – soit 24,7 % des émissions totales du transport routier. Leur décarbonation représente donc un enjeu important. Mais, alors que l’option de la mobilité électrique à batteries tend à s’imposer pour les véhicules particuliers et les véhicules utilitaires légers, aucune option ne se dégage actuellement de façon nette pour les poids lourds », observe Jean-Pierre Hauet, président du Comité scientifique d’Équilibre des Énergies
Pour mesurer les possibilités de développement de la filière hydrogène, l’étude a opté pour deux scénarios. Un premier, dans lequel l’hydrogène s’impose à hauteur de 65 % sur du transport longue distance européenne. Dans ce cas de figure, « l’hydrogène prend une part de marché de 10 % dans les transports de moins de 150 km et de 30 % sur les transports de 150 à 500 km. » Un second, dans lequel l’hydrogène ne parvient pas à s’imposer de façon majoritaire et où sa part de marché dans les transports de plus de 500 km plafonne à 25 % .
« Dans les deux cas, la croissance n’est pas linéaire, et en 2030 la pénétration de l’hydrogène reste limitée, compte tenu des délais de réalisation des infrastructures et de migration des flottes de camions vers l’hydrogène », résume l’étude.
Pour que la filière hydrogène émerge dans les transports routiers, son développement se doit d’être organisé « en prenant en compte toutes les infrastructures nécessaires pour le produire, le transporter, le stocker, le distribuer et l’utiliser. » Autre incontournable, l’élaboration de schémas directeurs d’implantation des installations de production et de distribution de l’hydrogène destiné aux poids lourds. « Des formules de concession ou de partenariat public-privé devront être imaginées, car il est peu probable que l’investissement privé sera suffisamment enclin à anticiper une demande qui mettra plusieurs années à se développer », plaide l’étude.
Des schémas directeurs qui ne pourront se contenter de rester nationaux. « Nous proposons que soit portée au niveau européen l’idée de corridors de l’hydrogène qui consisterait à équiper en priorité les grands axes empruntés par les grands transports européens », souligne l’étude.
Une revendication qui pourrait trouver écho plus rapidement que prévu puisque « la proposition de la Commission européenne rendue publique le 14 juillet va dans ce sens puisqu’elle prévoit que les États devront équiper le réseau transeuropéen de transport de stations de distribution d’hydrogène espacés d’au plus 150 km, avec une capacité de 2 t/jour pour l’hydrogène gazeux à 700 bars, et de 450 km pour l’hydrogène liquide », revendique l’étude.
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